Burundi : l'ONU s'inquiète de l'escalade de la répression gouvernementale

4 mai 2015

Burundi : l'ONU s'inquiète de l'escalade de la répression gouvernementale

1 mai 2015 – A l'occasion d'un point de presse à Genève, le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), Rupert Colville, s'est dit vendredi très préoccupé par l'escalade de la répression gouvernementale au Burundi à l'approche du lancement de la campagne présidentielle.

« Nous sommes profondément préoccupés par la série de mesures prises cette semaine par les autorités burundaises visant à limiter sévèrement l'exercice des droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique », a déclaré le porte-parole, mentionnant l'existence de rapports « particulièrement alarmants » faisant état de tirs à balles réelles par les forces de sécurité et les services de renseignement du Burundi contre des manifestants.

Au cours des derniers jours, le Burundi a été le cadre d'une vague de morts violentes, d'arrestations arbitraires et d'intimidation, y compris contre des défenseurs des droits de l'homme, lors de manifestations déclenchées après la décision du parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie–forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), d'investir le président sortant Pierre Nkurunziza comme candidat à l'élection présidentielle qui aura lieu dans le pays le 26 juin prochain. L'opposition burundaise, estimant qu'une troisième candidature de M. Nkurunziza est anticonstitutionnelle, a appelé à manifester contre cette nomination, provoquant une vague de violence et de répression de la part des autorités contre les manifestants.

« Nous exhortons les autorités à faire en sorte que les normes internationales, notamment les principes de base des Nations Unies sur l'utilisation de la force et des armes à feu par des représentants de la loi, soient pleinement respectées », a déclaré M. Colville.

Selon le porte-parole, des centaines de personnes auraient été arrêtées depuis le début des manifestations et seraient actuellement détenues dans des conditions de surpopulation carcérale extrême, obligeant certains détenus à dormir debout.

« Les détenus ont également été battus, notamment sur leurs pieds et leurs fesses, et certains d'entre ceux qui ont été libérés éprouvent désormais des difficultés à marcher en raison du passage à tabac », a déploré le porte-parole du HCDH.

A l'approche du lancement de la campagne électorale, qui doit commencer officiellement dans neuf jours, le HCDH a appelé les autorités à garantir la conduite d'élections libres et équitables, soulignant que l'imposition de restrictions à la presse, la fermeture de stations de radio et la censure contre la couverture médiatique des manifestations ne parviendront pas à faire taire l'opposition.